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combat, comme lieu plus amy et plus voisin;] et ne lui profita la grande faveur du Roy, qui Falloit voir tous les jours, et ne bougeoit du chevet de son lit, et lui avoit promis cent mil écus, et aux chirurgiens cent mil francs, en cas qu'il vînt en convalescence. Il mourut, ayant toujours en la bouche ces mots même, entr? ses derniers soupirs, qu'il jettoit avec grande force et grand regret : « Ah ! mon Roy, mon Roy ! » sans parler autrement de Dieu ni de sa mere.
Le Roy, à la vérité, portoit une merveilleuse amitié à Quellis et à Maugiron. Il les baisa tous deux morts, fit tondre leurs têtes et serrer leurs blondes chevelures, et ôta à Quelus les pendans de ses oreilles, que lui-même auparavant lui avoit donnés et attachés de sa propre main. [On t ces deux vers :
Seigneur, reçois en ton giron Schomberg, Quelus et Maugiron ! ]
Notre maître Poncet dit en la chaire qu'il falloit traîner à la voirie Maugiron, qui expira en reniant, et ses compagnons. Nonobstant lesquelles remontrances le Roy l'honora, lui et les autres, de superbes con­vois et sépulchres de princes («).
Telles et semblables façons de faire, indignes, à la vérité, d'un grand Roy et magnanime comme il étoit, causèrent peu à peu le mépris de ce prince ; et le mal
Saint-Antoine, de peur qu'il ne fût importuné du bruit des char­rettes et des chevaux. Il aidoit à le panser, et le servoit de ses propres mains.
(*3 De superbes convois et sépulchres de princes : Le Roi ordonna que leurs corps seroient exposés sur un lit de parade, comme ceux des princes, et que toute la cour assisteroit à leurs funérailles. U garda la chambre quelques jours sans se laisser voir; enfin il leur fit élever de superbes mausolées de marbre, qui furent détruits parles ligueurs.
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